8 - Les rêves, voix du monde des Archétypes

     

podcast : "les rêves, voix du monde des Archétypes"

 

 

         Il y a tant de rêves racontés depuis l’antiquité, dans divers livres sacrés, comme aussi la narration des songes des rois d’Israël. De Socrate à aujourd‘hui en passant par Descartes, les hommes racontent les rêves de leurs nuits[1]. Peut-on appelle des projectionsrai mon temps de compagnonnage passé avec un r privilégiée deêtre m’en raconterez-vous aussi? Cela a donné lieu de la part de leurs auteurs à contemplation, méditation, prophéties et nouveau questionnement. Mais pourquoi veulent-ils interpréter leurs rêves ? De manière générale, pourquoi faire interpréter un rêve comme les rois d’Égypte qui avaient des interprètes attitrés? En attendrait-on un message pour notre vie ?

         Le rêve vient des profondeurs où « l’univers est encore unifié » avons-nous bien entendu de Jung afin de contempler le surgissement dans les songes de certaines images mystiques : des songes qui par exemple se passent dans une église, une crypte, ou qui mettent en évidence un objet sacré sont tout à fait fondateurs. Pour toutes ces sortes de rêves, l’interprète usera de l’imagination active spirituelle pour éveiller la conscience, autrement dit l’imaginal d’Henry Corbin, ami de Jung. Ce monde imaginal est le lieu intermédiaire d'une rencontre du spirituel et de notre matière comme étant le monde des poètes, des artistes et des initiés et du "déraisonnable".

         Pour laisser advenir ce que l’âme veut nous dire à travers ses contenus dit psychoïdes, mais conçus hors de la psyché, Jung nous alerte à ce propos : ce compagnonnage avec le rêveur devra éviter le contact avec les notions intellectuelles et les concepts qui, dit-il « protège de l’expérience numineuse » c’est-à- dire de l’expérience de l’émotion divine. Ce serait dommage ! En effet quand ces archétypes se manifestent, ils sont comme un signe de l’au-delà du monde que l’on nomme inconscient collectif : « il n'est ni vous, ni moi, il est le monde invisible ». Peu importe comment on l'appelle: Dieu, Tao, la Grande Voix, le Grand Esprit. Et il conclut à propos de lui-même : « Ne me semblent dignes d'être racontés que les évènements de ma vie par lesquels le monde éternel a fait irruption dans le monde éphémère ». Accumulant ses propres rêves et ceux de ses patients, c’est avec étonnement que Jung y découvrit au fur et à mesure la manifestation d'un Réel voilé émis dans un langage déraisonnable que toutes les catégories anthropologiques ne pouvaient intégrer. Raymond Devos le dit très bien dans le sketch « l’artiste », « Mais dans l’imaginaire, Dieu, on ne risque pas de le rencontrer ! Dieu existe certes, mais dans le réel ! »[2]

            Ce Réel voilé s’appelle l’inconscient collectif, autrement dit le monde des archétypes qui parcourt tous les continents et tous les temps. Jung se rendit compte que ces archétypes préexistaient à notre conscience car celui qui les rêve ne les connait pas généralement dans la réalité. Ces rêves sont porteurs d’images étonnantes comme une « voie royale » à ce qui n’est pas encore arrivé à notre conscience. Je reviendrai sur cet étonnement dont je parle là.

         Ma conviction est qu’à l’instar de Mozart, c’est ici aussi au sein de la nuit que l’Esprit quête ou donne sa lumière. Comme une inversion du régime diurne de nos vies, se substitue une lumière dans les ténèbres pour y trouver peut-être un « comme Jésus » qui est une lumière archétypale née dans la nuit, c’est-à-dire le Soi. Et ceci est le  coagula alchimique.

 

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Botticelli : la Vénus venue de la mer par le souffle d'Hermès et qui va bientôt être voilée...
pour nous faire travailler !

 

 Pour lire le chapitre suivant de cet opuscule de Gaël de Kerret, suivez le lien : 

 9 - Quelques exemples de rêves    

 


[1] Marie-Louise von Franz : Rêves d’hier et d’aujourd’hui, édit. Jacqueline Renard 1990

[2] Matière à rire, édit. Olivier Orban 1991 p.19